Folie, nouvelle inachevée

Kitty


'' Hey, t'as vu la nouvelle pub de Saya? Monstrueux!''

'' L'effrayante réalité dans les yeux d'une femme...''

LE TIMES


''Son oeuvre m'a vraiment pris pas les trippes''


''Saya...'' ''Saya!''

'' J'adore ce que vous faites''


« FOUTEZ- MOI LA PAIX!! » 


La respiration haletante, la sueur glissant le long de sa colonne vertébrale frissonnait comme sa peau secouée de spasmes. Dans la semi-obscurité, baignée dans la lumière artificielle des publicités électriques, elle prend une longue taffe d'une cigarette soupoudrée d'herbe du diable. Le temps bat la mesure tic.. tac.. tic.. tac et au dernier tic sa voix murmure:

« Encore... »

Elle se lève pour scruter à travers la baie vitrée de l'atelier, caressant les rideaux de soie, contemplant la fourmillière urbaine déjà pleine d'ouvrières à quatre heures du matin. Sa main passe sur son front pour atteindre la joue du bout des doigts, franchit le relief des pommettes pour finalement traverser un ruisseau de larmes.

« Faut vraiment que je prenne quelque chose, c'est pas normal tout ça... ». Sa main désormais humide plane de la chair à la vitre glacée faisant un voyage infini du sahara au Pole Sud en traversant l'Espace. Elle s'assoit dos à la vitre, le regard vide jusqu'au matin plongée dans on ne sait quel monde empoisonné.

« T'as l'air épuisée Kitty ». Elle sort une bombe à peinture fignolant une toile plus grande qu'elle faisant la largeur de l'atelier.

« Non du tout. » Répondit-elle absorbée dans la peinture, sans prêter plus d'attention à l'Autre.

L'Autre fait un sourire narquois:

« -La grande Saya est trop intelligente pour prêter oreille? »

Kitty s'immobilisa comme frappée par la foudre. En rage elle répondit sans desserer les dents:

« -Mon nom c'est Kitty.

- C'est comme ça que tu veux qu'on t'appelle.

- C'est un malentendu.

- C'est toi qui l'a spécifié au diffuseur.

- C'était une belle connerie. »

Le silence trancha net la conversation. Kitty bouillonait parce qu'elle ne savait pas elle-même si elle était l'une ou l'autre, car Saya n'est pas Kitty. Saya est enragée. Quand Saya l'attrape, c'est comme si son corps tout entier s'incrustait dans l'oeuvre, c'était la frénésie, la folie, la tornade infernale de l'âme qui éclatait en couleurs sur la toile, les planches. Saya entrait partout, Saya c'était une innondation et avec elle la noyade. Pour calmer Saya, Kitty fumait, fumait pour calmer la folie et retourner à sa propre douleur, celle qui prend la forme du souvenir et vient frapper quand la tête est vide, la nostalgie à forme humaine. Kitty posa la bombe.

« Je t'offre à boire? ».


Elles descendirent les soixante dix étages dans un nouvel ascenceur qui donne le tournis. La rue était encombrée, un courant humain traversait d'un pas égal comme une armée de robots biomécaniques. Il y avait une terrasse en face de l'appartement, un joli café qui ferait bientôt faillite parce qu'il n'attirait personne, pas le temps, pas l'envie et pas d'alcool.

« Je comprends pas, dit Kitty au détour de la conversation la tête penchée en arrière.

- De?

- Le temps a disparu, les hommes l'ont dévoré. Je parle du temps pour le temps, celui qu'on perd.

- C'est parce qu'ils produisent et qu'ils ne pensent plus. Ils travaillent à l'évolution, la survie humaine, la préservation de la société.

- La pensée se vide tu sais, je le vois, je le sens. La débilité gagne du terrain, l'humanité suit un fil et tout devient machinal. Le fil d'Ariane d'aujourd'hui c'est la réussite préconçue, mais qui veut réussir à sa façon maintenant? Personne n'affronte ses démons. On entre dans le labyrinthe tortueux de l'existence sans prendre le temps de se perdre et c'est pour ça que la pensée, la vraie s'évanouit.

- Et que crois-tu pouvoir faire?

- Eveiller si j'en avais le pouvoir, mais est-ce qu'un être torturé peut briser un cercle rationnel? C'est comme verser une pincée de sucre pour rendre bon l'océan. »

Kitty fermait les yeux l'esprit déjà envellopé dans un bout de ciel. Need... Need... Mais need quoi? Hugs? Loneless? Un grand bond dans la nature, courir les bras ballants juste pour respirer la liberté. Bouge Kitty, bouge! Elle ouvrit brusquement les yeux et but deux gorgées d'une limonade commandée.


Woodstock


«  Je veux aller à un concert. Un concert? Le plus agité, le plus démentiel. Libérer le chien enragé que j'ai à la place de l'âme. Cours Médor! Va dévorer la raison, mordiller la réflexion et tuer la nostalgie! Puis quand tu seras calmé tu viendras chercher ta pâtée dans un coin de ma tête. »

Woodstock ouvrait grand les bras pour l'accueillir, quatre jours de bus, quatre nuits de rêves agités. Personne ne connait le visage de Saya et c'était le seul plaisir certain qu'il restait.

Dans la vapeur de drogues et de fièvre de foule, les cris, la chaleur, le raz de marée des membres qui s'agitent, le rythme se fait flux, reflux dans la mer de fous furieux. Engloutie par la masse, Kitty comme une bête s'accrocha à la seule balise apparente, sa bouée c'était LUI. Son regard s'accrocha au sien comme si sa vie en dépendait. Il n'y avait pas de romantisme, ce n'était pas eux et le monde, pas de coup de foudre ni romantisme. Juste un violent désir qui la paralysa des pieds à la tête comme un courant électronique et brilla dans les yeux de l'étranger. La vision disparut dans une violente bousculade et entrainée par la folie des groupies, Kitty dansa, hurlait, gorgée de cet air de stups comme envoutée par une musique tribale, un chamane à guitare électrique.

Au dernier grattement de corde tous s'écroulèrent.

C'est sur un lit de rosée que le soleil lui frappe les paupières.

«  Ciel bleu.. » Kitty sourit comme un nouveau né. Son esprit déploya ses ailes, et partit loin dans les airs. Plus d'enveloppe charnelle, plus de chaînes, plus de terre. Elle se sentit aspirée dans un vortex cérébral.







Flashback


« Mensonges... Mensonges » « Ou est la franchise? Cachée? Effrayée? Endolorie? Agonisante dans la poche d'un monsieur au charisme discutable, bonjour monsieur Comportement. Monsieur Comportement c'est le mari de Madame société, parce que sans lui pas de séduction, sans son approbation, pas de vie auprès de Madame société. On raconte qu'ensemble ils eurent une petite fille, elle s'appelle Hypocrisie.

J'ai un compte à régler avec toi Mensonge, à cause de toi je sais pas vivre, parce que ma bannière c'est celle de princesse Franchise. Petite princesse piquante et acidulée, trop poivrée pour ces êtres sans goût. Les épices c'est à la mode que pour les politiciens car Hypocrisie imite bien princesse Franchise.

Je sors ma rapière, ma flammerge, mes hallebardes, mon arme à feu, ma mitrailleuse pour partir en croisade contre toi.

« MENTEUR » crie Kitty dans son sommeil, jetant les mots à la figure du ciel.





15/08/2008
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